Appel de militants vénézuéliens: Ni putschisme ni interventionnisme !

3 février, 2019

SIGNATAIRES:

Raúl Ordóñez, constituant, président de la Fédération des syndicats des entreprises hydrauliques du Venezuela (Fedesiem Hidroven), CBSTT ; Sergio Castellanos, secrétaire général du syndicat des travailleurs de l’hôpital Coromoto de l’État de Zulia, membre de la Fédération régionale de la CBSTT de Zulia ; José Quintero, secrétaire général du Syndicat des agents de sécurité bolivariens de la région occidentale (Sitraviboc) ; José Mendoza, avocat du droit du travail, président de la Fondation de l’Observatoire du droit du travail et des droits de l’homme Giuseppe-Raspa ; Alberto Salcedo, militant syndical ; Octavio Ferrer, secrétaire général du syndicat Sinprotrans ; Andrés Peláez, secrétaire générale du syndicat Sintrahocum-Zulia ; Joel Barrera, syndicat STHC ; Mirla Castellano, secrétaire générale du Siproenf ; Marconi Ocando, secrétaire général du Simehocoma ; Humberto González, secrétaire de Reclamo, de Fedesemhidroven ; Denis Ospino ; Ramón Camejo ; José Martínez ; Lewis Herrera, du Suntrabmercal-Zulia ; Wilfredo José Abreu Pérez, canalisations.

Ni putschisme ni interventionnisme !

Reconnaissance de Nicolás Maduro commeprésident légitime du Venezuela

Pour la défense de la souveraineté, des conquêtes et de l’autodétermination de notre nation

Nous, dirigeants syndicaux, militants du mouvement ouvrier, travailleurs, jeunes regroupés dans le collectif Travail Jeunesse membre de l’Entente internationale des travailleurs et des peuples (EIT),

Nous déclarons opposés à la tentative putschiste contre notre patrie propulsée de manière directe par l’intervention de l’impérialisme américain et du « cartel de Lima », sous la forme de l’autoproclamation de Juan Guaido, usurpateur illégitime pour lequel personne n’a voté en tant que « président chargé des affaires » et dont la principale fonction est de servir de levier aux politiques dictées par la Maison-Blanche, laquelle ne cherche pas autre chose qu’à établir l’illusion d’un double pouvoir accélérant une crise pour disloquer l’État-nation, soit par un conflit interne soit par une éventuelle intervention militaire directe. Intervention soutenue par Donald Trump et ses agents directs en Amérique latine que sont les Bolsonaro, Macri, Piñeira, Duque, le gouvernement du Canada ainsi que les gouvernants de France, d’Allemagne, d’Espagne, à genoux devant la politique de menaces de Trump, accompagnant la politique interventionniste et belliqueuse de l’impérialisme.

L’intrusion impérialiste actuelle au Venezuela n’est pas nouvelle. Le 11 avril 2002, ils se retrouvèrent derrière le coup d’État contre le président Chávez lorsqu’ils reconnurent le dictateur Pedro Carmona Estanga. De même lors de la grève du pétrole en 2003 ; en 2017, ils ont impulsé la violence dans la rue (les guarimbas, groupes de choc mis sur pied par toutes les forces réactionnaires pour tenter de déstabiliser le Venezuela, NDT) qui s’est soldée par la mort de 131 personnes; le gouvernement américain a organisé, entraîné, financé et armé la tentative d’assassinat d’un président élu en la personne de Nicolás Maduro en même temps qu’il organise le blocus économique, la campagne de désinformation et de calomnies contre le gouvernement.

C’est de nouveau le pétrole qui est à la source du putsch. L’usurpateur Juan Guaido, sous le prétexte de rétablir l’ordre démocratique et de combattre la crise humanitaire, n’a guère tardé à montrer les véritables raisons pour lesquelles se mobilisent les parties prenantes internationales. Elle est en rapport avec l’industrie pétrolière et on y voit la préméditation. Dans les plans immédiats du « gouvernement de transition » fraîchement proclamé, il y a le renouvellement de la pré-sidence du conseil d’administration de Citgo Petroleum Corporation, filiale de PDVSA (cette dernière étant la grande compagnie pétrolière du Venezuela, propriété de l’État, NDT) dont la capacité opérationnelle atteint les 750 000 barils quotidiens, l’équivalent de 4 % du total du pétrole raffiné aux États-Unis. Guaido prévoit la création d’une  « nouvelle loi nationale des hydrocarbures établissant des règles fiscales et contractuelles souples pour des projets adaptés aux prix du pétrole et au cycle de l’investissement pétrolier».

La modalité du coup d’État au Venezuela est un précédent dangereux établi par les puissances impérialistes. Cela est dangereux non seulement pour notre nation mais aussi pour d’autres pays, parce que les impérialistes peuvent organiser un ensemble similaire d’actions contre les gouvernements légitimes d’autres pays désirant agir de manière digne et souveraine, selon un chemin en faveur des intérêts du pays.

L’impérialisme américain, menacé dans sa suprématie, en lien avec la crise qui traverse le système capitaliste, conduit le monde entier à des scénarios de catastrophe au-delà de tout ordre rationnel, ouvrant ainsi une nouvelle période dans laquelle la concurrence et les conflits commerciaux ne s’opposent plus comme par le passé au capital à partir de bases nationales établies. La situation actuelle est une lutte à mort, une véritable guerre qui oppose trusts et monopoles pour la conquête des marchés et le pillage des matières premières. Dans ce but, ils essaient d’en finir avec toute entrave, tout accord, traité international, réglementation qui menace d’enfoncer, de disloquer l’Étatnation. C’est là le véritable arrière-plan de la crise politique dans notre patrie.

Nous apprécions la déclaration du Mexique et de l’Uruguay sur la crise du Venezuela. Ces deux nations ont appelé toutes les parties prenantes à réduire les tensions et à éviter une escalade de violence qui puisse aggraver la situation. La première grande victoire contre cet « empire », c’est d’éviter qu’il nous conduise à la guerre et à la destruction, sans renoncer à la dignité comme nation. C’est en ce sens que nous soutenons Nicolás Maduro, dans sa disposition à dialoguer avec les secteurs politiques du pays après l’initiative prise par les gouvernements du Mexique et de l’Uruguay pour un dialogue national. Celuici doit avoir lieu dans le cadre du respect de la Constitution bolivarienne de la République et la reconnaissance des institutions que nous avons en tant que nation.

Nous soutenons le président Nicolás Maduro dans sa décision de rupture des relations bilatérales avec le pays du Nord  (forme usuelle en Amérique latine qui désigne les États-Unis d’Amérique, NDT) et de départ du personnel diplomatique de l’ambassade amé-ricaine de notre pays. Malgré leurs échecs sur le terrain diplomatique, l’impérialisme et ses alliés poursuivent l’offensive internationale contre le Venezuela. Les sanctions contre PDVSA-Citgo annoncées par John Bolton bloquent 7 milliards de dollars américains en actifs, outre un peu plus d’un milliard de dollars américains au titre des pertes d’exportation tout au long de la prochaine année, la rétention de 14 tonnes d’or pour une valeur de 550 millions de dollars par les banques anglaises et de 1,65 milliard de dollars par Euroclear, dans un acte de piraterie impérialiste.

Ce lundi, le général Marc Stammer, commandant en chef du Commandement sud des États-Unis, est arrivé en Colombie pour rencontrer les nouveaux chefs militaires et policiers de ce pays et revoir les sujets frontaliers. L’analyste et assesseur politique Ned Price a pu voir durant la conférence de presse ce que contenait le blog de l’assesseur de sécurité des États-Unis, John Bolton : un paragraphe disait  « 5 000 soldats en Colombie », ce qui indique une annonce imminente d’un déploiement de forces militaires ou une escalade dans l’intervention militaire.

Comment gagner la bataille contre le putsch

Pour ce qui nous concerne, il ne suffit pas d’affronter le putschisme et l’interventionnisme de l’impérialisme, représentés par Donald Trump et le cartel de Lima. Pendant que le gouvernement continue de négocier avec les industriels regroupés dans Fedecamaras, Consecomercio, Venenchamp, Fedenagas, Fedeagro, Cavefar, les entreprises Polar, les banques privées et les banques transnationales, tout en leur octroyant dollars et crédits pour réactiver leurs lignes de production, pendant ce temps le taux de change est libéré, on réduit leurs frais de douane d’importation et on met les prix sur des produits élémentaires du panier au niveau du dollar parallèle, ou bien on les exonère du paiement de l’impôt sur le revenu (ISLR) accordé aux entreprises pétrolières. Ces mesures incluent les grandes transnationales qui opèrent dans le pays et dans la Frange pétrolière de l’Orénoque.

Les industriels poursuivent maintenant leur plan conspirateur non plus en fermant leur commerce mais en augmentant les prix de manière terrifiante. À cela s’ajoute le chaos des services publics et, de nouveau, le retour à la vente d’argent effectif. La bureaucratie, la corruption et l’inefficacité font le jeu de la détérioration encore plus grande des conditions de vie du peuple travailleur. Tant que les patrons n’auront pas été disciplinés en vue de tenir les accords signés avec le gouvernement, les salaires ne pourront pas retrouver leur vraie valeur. D’où il s’ensuit que, si cette politique n’est pas inversée, nous allons faciliter le jeu du plan putschiste et cela est utilisé pour saper le soutien du peuple travailleur, de ceux qui comme nous vivent de leur salaire, et sert d’argument aux impérialistes et à leurs laquais pour justifier leur politique.

En conséquence, nous exigeons tout de suite des mesures d’urgence :

Appliquer l’article 114 de la Constitution bolivarienne du Venezuela : « Il est interdit au plan économique de pratiquer la spéculation, l’accaparement, l’usure, la cartellisation et autres délits connexes qui seront sanctionnés sévèrement selon ce que dit la loi. »  Cette loi contre la corruption existe et il ne semble pas qu’elle soit appliquée ; c’est-à-dire qu’il faut que l’Assemblée nationale constituante intervienne pour mettre de l’ordre dans cette situation et éradiquer la guerre des prix, en châtiant sévèrement les responsables.

Contrôler, lois en main et sous leur surveillance avec les travailleurs, la milice, le pouvoir populaire et les organismes d’État, la vérification des prix, la distribution et la commercialisation des aliments afin de garantir les prix décidés en commun.

Une loi constituante d’indexation intégrale du salaire minimum, adaptable ou liée à la croissance des niveaux d’inflation. Par l’indexation, les salaires à la valeur du pétrole sur le marché.

Les barèmes de salaire imposés par le ministère de la Planification mettent en évidence que les détériorations unilatérales imposées aux conventions collectives sont contraires à ce qui a été établi dans la Constitution et dans la LOTTT (loi organique du travail, des travailleuses et des travailleurs, NDT)  et contribuent à réduire le salaire réel en poussière, à quoi se surajoutent les augmentations discrétionnaires du salaire minimum pour les travailleurs.

Nous exigeons l’application de l’augmentation de salaires sur tous les barèmes. Certains ministères, cabinets de gouverneur, municipalités et institutions ne respectent pas cette orientation du président Nicolás Maduro. Nous exigeons la publication de l’augmentation du salaire minimum national dans le Journal officiel. C’est l’instrument légal qui a comme fonction de publier les droits, règlements, décrets et autres actes émis par les pouvoirs publics de l’État afin qu’ils soient observés et appliqués comme il se doit dans leurs départements de compétences et sur le territoire national. Nous appelons à créer les comités de défense dans chaque centre de travail pour garantir le service de l’électricité, de l’eau, des télécommunications, du pétrole et de la production des aliments avec la collaboration de la milice bolivarienne.

Nous appelons la Centrale socialiste bolivarienne des travailleurs et travailleuses de la ville, de la campagne, de la pêche (CBSTT-CCP), les syndicats indépendants, les collectifs à faire en sorte, ensemble avec les syndicats de base, que soit assuré de manière autonome un calendrier de mobilisation permanente et d’actions dans le cadre de la défense de la souveraineté devant les attaques de l’impérialisme et la poursuite du coup d’État.

Caracas (Venezuela), le 28 janvier 2019

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